Flowers

Les Saules

  • Indigènes (et non indigènes)
  • Nom latin : Salix sp. 
  • Floraison : février-avril, selon les espèces
  • Intérêt pour les abeilles domestiques : +++ (nectar +, pollen ++)
  • Intérêt pour les abeilles sauvages : bourdons à langues courtes (+++) et longues (+++), abeilles solitaires (+++)
  • Hauteur : de 3 à 25 mètres, selon les espèces
  • Exposition : soleil
  • Sol : généralement humide
  • Type : ligneux
  • Cycle : vivace, feuillage caduc

Les saules sont des arbres, arbustes et arbrisseaux de la famille des salicacées, que l'on retrouve généralement dans les zones fraiches et humides. On en connait environ 360 espèces, dont une dizaine à l'état spontané dans nos régions.

Le nom latin, Salix, proviendrait de deux racines celtiques sal, "près de", et lis, "eau", illustrant ainsi l'amour de ces plantes pour les zones humides. Le nom français, saule, proviendrait plutôt de l'ancien francique, dérivant lui-même du germanique salχaz.

Les saules sont dioïques : il existe des arbres mâles et des arbres femelles. Les fleurs, mâles et femelles, sont disposées en chatons (dressés vers le haut) ; seuls les mâles portent un pollen abondant, mais toutes portent des nectaires.

Les saules ont tendance à s'hybrider facilement entre espèces différentes, et donner des descendances aux caractéristiques morphologiques variables. Il est donc très difficile d'identifier précisément une espèce ou l'autre de saule sauvage !

Le saule marsault, ou saule des chèvres (S. caprea)

Parfois appelé Marsaule, le saule marsault est un incontournable du calendrier apicole. 

Petit arbre de 6 à 14 mètres, c'est une plante pionnière qui, comme le bouleau, colonise les endroits découverts et perturbés, le temps qu'un écosystème plus complexe puisse y prendre place. Sa longévité, de ce fait, ne dépasse guère les 60 ans. À la différence des autres saules, il est moins lié aux sols humides et peu se rencontrer dans des zones plus sèches. Sa floraison débute précocement, vers février, et explose généralement en mars.

 

 

Le saule blanc, ou saule commun (S. alba)

Beaucoup plus grand que le marsault, le saule blanc peut atteindre 25 m de haut. Également pionnier, sa longévité peut atteindre les 100 ans. Lié plus fortement à l'eau, et amateur de soleil, le saule colonise les îles, les basses vallées et les rives. On le retrouve rarement en forêt.

 

Le saule des vanniers (S. viminalis)

Moins fréquent, le saule des vanniers est un arbrisseau, plus petit que ses cousins, il n'atteint généralement pas les 6 mètres de hauteur et peut donc être utilisé dans les haies. 

Le saule pleureur (S. x sepulcralis)

Originaire de Chine, le saule pleureur est sans doute le plus connu des saules, surtout par les citadins. Abondant dans les parcs, près des plants d'eau, ses qualités esthétiques ne sont plus à démontrer. Le terme générique "saule pleureur" fait référence à plusieurs cultivars et hybrides de S. babylonica (l'espèce originaire de Chine) et S. alba ou S. fragilis (Saule rouge). On trouve principalement dans nos régions Salix x sepulcralis, croisement du saule de Babylone et du saule blanc. 

On ne connait, en Europe, que des plantes femelles (l'arbre ne se reproduit donc chez nous que par bouturage).

Le saule têtard...

... n'est pas une espèce à proprement parler, mais un mode de taille. Les saules têtards (plusieurs espèces) sont taillés très régulièrement pour en éliminer les grosses branches, ce afin de favoriser des rejets fins et droits (osier). 

 

Les saules et les abeilles

Par leur floraison précoce et abondante, les saules sont généralement considérés comme de très bonnes plantes mellifères, particulièrement le marsault qui fleurit très tôt au printemps et permet aux abeilles domestiques de butiner pollen et nectar quand la colonie en a le plus besoin, à la sortie de l'hiver. Elles y récoltent aussi des résines qui entrent dans la composition de la propolis.

Le marsault peut offrir pour plus de 100 kilos de miel par hectare, mais la production de ce miel monofloral reste rare. On retrouve donc généralement le saule comme constituant des miels toutes fleurs de printemps.

Les reines bourdons de plusieurs espèces y trouvent également une ressource bienvenue pour fonder leurs colonies. Le bourdon des arbres (B. hypnorum) peut même fonder sa colonie dans les cavités des saules têtards (voir plus bas).

En ce qui concerne les abeilles solitaires, certaines espèces d'Andrènes ne butinent que les saules, tandis que d'autres espèces au développement précoce, comme les Anthophores ou les Osmies, profitent également de leur floraison printanière abondante.

Puisque les fleurs offrent toutes du nectar pour attirer les abeilles, la pollinisation est en partie entomophile, bien que le vent puisse également se charger du travail.

Les saules et les hommes

Les saules offrent un bois souple, utilisé précocement par les hommes en menuiserie ou pour fabriquer des manches d'outils.

Souvent appelés "Osiers", ils fournissent pour la plupart des rameaux fins et souples utilisés en vannerie : c'est le cas du saule des vanneurs, évidemment, et du saule blanc, taillé "en têtard" originellement à cette fin de production de branches à tresser. Ces mêmes branches, fines et droites, servaient de tuteurs, de perches; elles sont aussi calcinées pour fabriquer les fusains, utilisés par les dessinateurs.

Par leur croissance rapide, les saules étaient plantés au coin des parcelles agricoles ou des propriétés terriennes ; on parle de saules corniers. Ils étaient également plantés en haies, le long des prairies ou des rives de ruisseaux. 

L'écorce des saules (principalement S. alba) regorge d'une substance anti-inflammatoire et antirhumatismale : la salicyline. Il contient aussi de l'acide salicylique, un précurseur naturel de ce qui deviendra, par quelque procédé chimique, l'acide acétylsalicylique ou aspirine.

Le saule des vanneurs présente la particularité d'accumuler fortement les métaux lourds toxiques, pétrole et hydrocarbures présents dans les sols. Il est donc utilisé depuis récemment comme plante dépolluante dans le cadre de la phytoremédiation des sols.

Les saules au jardin

Plusieurs espèces sont introduites dans les jardins pour leurs qualités esthétiques. Bien sûr, le Saule pleureur appartient à cette catégorie, puisqu'il a été introduit dans les parcs et jardins dès le 17ème siècle.

On trouve aussi le Saule tortueux (S. matsudana, originaire de Chine), avec ses branches jaunes et rouges, abondamment vendu à la période de Pâques pour ses élégants tortillons où l'on suspend des oeufs décoratifs.

Depuis plusieurs années, on trouve en jardinerie des variétés "sur pied", greffées, à très petit développement. C'est le cas généralement des cultivars 'Flamingo' (S. integra), aux jeunes pousses roses.

Les fins rameaux du Saule des vanniers peuvent être plantés dans le sol et tressés : ils permettent ainsi la réalisation de clôtures et cabanons... vivants ! En effet, les rameaux vont s'enraciner les plantes continuer à pousser. 

Le saule, qui est l'un des arbres à se bouturer le plus facilement, produit gratuitement une hormone de bouturage naturelle, l'eau de saule : il suffit pour cela de faire macérer pendant 24h des rameaux de saules (toutes les espèces) dans de l'eau pour obtenir un liquide qui dopera les boutures des autres plantes et fortifiera les plantes plus faibles. Les rameaux, quant à eux, développeront des racines très rapidement et pourront être replantés.

Les saules et la nature

Les saules sont des espèces importantes pour la biodiversité. On dénombre plusieurs dizaines d'espèces d'insectes inféodés à l'une ou l'autre espèce du genre Salix, sans compter toutes les espèces polyphages qui peuvent compter le saule à leur menu.

Ils attirent des coléoptères (Coccinelle des saules, Charançons et plusieurs Chrysomélidés), plusieurs espèces de pucerons, ainsi que de nombreuses chenilles de papillons (Bombyx, Bombyx cul-brun, Sphinx du peuplier, Sphinx demi-paon, Queue-Fourchue, Harpyies, Vanesse Morio, Grande tortue...)

 

 

Parmi les hyménoptères, plusieurs Tenthrèdes y sont liés : leurs fausses chenilles grignotent les feuilles par leur bord et se positionnent en S, de manière caractéristique, lorsqu'elles sont dérangées ou menacées.

 

 

De nombreuses galles, sortes de tumeurs végétales, peuvent être découvertes sur leurs feuilles en été ; ces dernières abritent les larves de plusieurs espèces de Tenthrèdes ou de Diptères (Cécidomyies).

Enfin, les grosses branches et troncs et souches peuvent abriter les insectes xylophages, comme les Capricornes, Grands Molorches, Priones, etc. tandis que les souches en décomposition permettent le développement des Petites Biches (cousines du Lucane) ou des Cétoines dorées.

On y retrouve, évidemment, tout un tas d'araignées, mollusques, vers et crustacés qui participent à la décomposition du bois.

Les saules, par la masse d'insectes qu'ils attirent, sont favorables aux oiseaux insectivores, comme les pics. Certains sont aussi très prisés pour la nidification : c'est le cas du saule taillé en têtard, qui avec les années se dote de cavités qui font le bonheur des mésanges, grimpereaux, troglodytes et des rapaces (chouettes chevêches, etc.) et autres oiseaux cavernicoles. Les longues branches du saule pleureur, lorsqu'elles touchent l'eau d'un étang, permettent au Grèbe huppé ou aux poules d'eau d'y attacher leurs nids flottants.

Les cavités hébergent aussi écureuils, chauve-souris, fouines, hérissons, orvets, crapauds, couleuvres...

Pour toutes ces raisons, les saules (têtards) sont de grands alliés des politiques de développement et d'accueil de la nature !

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